Vie en campagne vers 1850
Le travail à la ferme
Toute la famille participait aux travaux de la ferme. Les peintures ci-jointes sont l'oeuvre de Jean-François Millet, peintre (1814-1875) avec quelques photos plus récentes représentatives des travaux de l'époque
Toute l’année :
Donner à manger à tous les animaux matin et soir : du foin, des céréales (avoine, orge…)
Sortir les animaux pour les faire boire à la fontaine du paquis, 2 fois par jour
Traire les vaches et garder le lait au frais (la cave)
A partir du lait, faire la crème et ensuite le beurre
Faire le pain au four
Remonter de l’eau du puits pour la journée
Epelucher les légumes pour faire la soupe du jour (pommes de terre, carottes…)
Donner tous les restes au cochon ou aux poules
En hiver :
Les animaux sont en permanence à l’étable / écurie et c’est une occupation pour la moitié de la journée. Les tâches principales quotidiennes sont rythmées par le lever et le coucher du soleil :
vider l’écurie du fumier matin et soir avec une brouette pas trop large et le monter sur le tas de fumier
Refaire la litière avec la paille des céréales récoltées en août
Emmener le fumier dans les champs quand le temps le permet (gel pour ne pas s’enfoncer dans le champ)
Aller au bois pour ramener de quoi se chauffer dans 3 ou 4 ans, le temps que le bois sèche dans des piles près de la maison
...
Au printemps :
Outre les soins aux animaux qui persistent (traite, lait,...)
les animaux sont sortis début avril et les enfants les emmène paitre tous les jours dans les prés alentour.
Les chevaux sont mis à contribution pour labourer, herser, semer et rouler les champs qui produiront les céréales de l’été
Soigner les prés pour que l’eau s’écoule sans stagner vers le ruisseau (Madon)
Préparer le jardin pour accueillir les premiers semis
...
En été :
les foins : essentiel pour tenir un hiver et nourrir l’ensemble du cheptel
Fauchage à la faux tôt le matin
fanage au rateau par tous les membres de la famille
Quand le foin est sec, on le ramène sur des chariots tirés par un ou deux chevaux
Rangement du foin dans le grenier au dessus de l’écurie
Récolte des céréales : fauchage à la main, séchage en gerbes ramenées ensuite à la ferme. Battage des gerbe sur le sol pour séparer le grain de la paille…
Récolte des fruits d’été (cerises, fraises, prunes, mirabelles…)
Jardinage journalier pour désherber, piocher, arroser, butter, récolter...
Mise en tonneau des fruits pour fermentation et distillation pour produire l’eau de vie essentielle à la vie de la ferme
...
En automne
Récolte des pommes, poires, raisins de la vigne…
Récolte des pommes de terre et des betteraves
Conservation à la cave pour en profiter jusque fin avril
Fabrication du cidre et du vin
Préparation des champs pour les semailles des céréales d’hiver (blé, seigle)
On tue le cochon et on le partage avec les familles voisines qui feront la même chose à leur tour
Salage des morceaux que l’on pourra consommer pendant l’hiver et le printemps
Fumage des jambons dans le séchoir
…
L'Histoire, vécue par François
François Ruaux (1808-1880) a vécu pas moins de :
Deux empires :
Napoléon 1er : 1803-1814
Napoléon III : 1852-1870
Trois monarchies :
Louis XVIII : 1815-1824
Charles X : 1825-1830
Louis-Philippe : 1830-1848
Deux républiques :
Seconde République : 1848-1852
Troisième République : 1870-1940
Trois révolutions :
1830 : révolte du peuple des 3 glorieuses les 27, 28 et 29 juillet qui provoque la chute de Charles X
1848 : suite à la crise économique de 1847 et à une répression lourde du roi, la révolte des barricades de février fait abdiquer le roi et le lendemain la république est proclamée
1871 : Gambetta proclame le 4 septembre 1870 suite à la perte de la guerre face à Bismarck, la troisième république... le mouvement insurrectionnel de la Commune se crée en mars...Famine, révolte, répression : 25000 parisiens fusillés, 10000 déportés (dont Louise Michel) ; abandon de l'Alsace et de la Lorraine au profit de l'Allemagne...
L'alimentation
Source : https://www.persee.fr/doc/rural_0014-2182_1975_num_58_1_2019
"La soupe trempée de pain consommée au moins une fois par jour, à midi, constitue le pôle autour duquel s'articule la séquence des repas d'une journée... Choux, oignons, oseille, pommes de terre, haricots, raves et parfois carottes"
Le porc salé (saloirs en images ; légende de St Nicolas) est l'aliment carné consommé en quantité faible.
https://www.canalacademie.com/ida5472-La-poule-au-pot-du-bon-roi-Henri-IV.html
"Aux fêtes carillonnées, on sacrifie une volaille". On ne pouvait manger une volaille chaque dimanche, il aurait fallu un poulailler trop important pour l'époque ; d'où la volaille lors des fêtes carillonnées seulement.
https://pointespalettespartition.wordpress.com/2020/04/24/la-poule-au-pot-du-bon-roi-henri-iv/
"Sous la Restauration, la légende de la poule au pot (attribuée à Henry IV / Sully, 1600) se modifia à nouveau et prit sa forme définitive : « je veux que chaque laboureur de mon royaume puisse mettre la poule au pot le dimanche « . Il faut souligner qu’avant l’époque moderne des élevages industriels, il fallait un très grand poulailler que peu avaient, pour réaliser un tel programme, une poule au pot chaque semaine de l’année. Cette formulation, que certains attribuent à Stendhal, fut formulée en 1823, et remise à l’ordre du jour par le roi Louis XVIII."
Autres informations sur l'alimentation au XIXème sur ce site :
https://www.cairn.info/revue-romantisme-2007-3-page-13.htm
Ci-joint des gravures de la légende de Saint Nicolas qui va délivrer les enfants mis dans le saloir par le boucher... saloir en grès et saloir cuve.
Menus de fêtes :
Ci-joint un menu de 1949 qui montre que si les repas quotidiens étaient très simples, les menus festifs étaient eux pantagruéliques a priori aussi au XIXeme siècle !
L'argent
La famille vivait en quasi-autarcie, des produits du jardin (pommes de terre, carottes… stockés jusqu’à l’été, des fruits des vergers (pommes, poires, pruneaux) ; la notion de poubelle n’existait pas, tout était natutellement recyclé.
Il fallait quand même acheter des produits et services tels que :
Habits, matériel de cuisine, ménagère, lits, draps,
Matériel agricole, chariots, attelages, ferrage,
Maisons : maçonnerie, huisseries,…
Pour avoir de l’argent, les parents se rendaient régulièrement à Epinal / Darney en voiture à cheval et à pieds pour y vendre :
œufs, lait, beurre
Fruits et légumes
Poules et lapins
Plus rarement un bœuf ou une vache
Les familles essayaient de constituer une réserve d'or et d’argent pour acheter comptant tout ce qui était nécessaire, l'emprunt n'étant pas encore dans les moeurs de l'époque.
https://www.histoire-genealogie.com/Les-magots-de-nos-ancetres?lang=fr
L'école
Les lois depuis 1833 cherchent à développer l'enseignement primaire en fixant le principe d'une école de garçons dans toutes les communes puis d'une école de filles pour « celles qui en ont les moyens » en 1850.
Mais les enfants n’étaient pas tenus d’aller à l’école : dans le monde agricole, ils y allaient quand il n’y avait rien à faire à la ferme pour eux…
L’obligation de scolarisation gratuite pour tous n’est apparue qu’en 1880 avec Jules Ferry....
Sur le côté de haut en bas :
La mairie d'Escles qui inclut l'école, où tous les Ruaux sont passés.
L'école de garçons du Void d'Escles (où notre mère Paulette Pothier a eu son Certificat d'études.
La photo d'école d'Escles en 1956, où l'on reconnait Elisabeth Ruaux 8 ans (celle du XXI eme siecle).
Photo de l'intérieur de l'école d'Escles en 1958, où l'on reconnait Jacques Ruaux 5 ans et Elisabeth 10 ans.
Photo de l'intérieur de l'école d'Escles en 1962, où l'on reconnait Jacques Ruaux 9 ans)
Ce qu'il n'y avait pas en 1850
Pour les plus jeunes, liste non exhaustives des choses encore inexistantes en 1850 :
l'électricité, le téléphone, internet
L'eau courante (pas de robinet)
Les vaccins, les médicaments efficaces, les prothèses...
le pétrole (débuts du charbon), le plastique
les maisons isolées thermiquement
les véhicules motorisés, les vélos...
les frigos, machines à laver, machines en tout genre...
les produits exotiques (fruits, légumes...)
les supermarchés, Amazon, ...
Mais comment faisaient-ils pour vivre ?