Jean Ruaux

De 1918 à 1945

Naissance pendant la 1ere guerre

Jean Ruaux est né en mars 1918 pendant la guerre. Son père Léon Ruaux avait eu une permission pour revenir du front mi-1917, d’où il restait en contact avec Jeanne Poirot par une correspondance très régulière.

Jean est fils unique et il reste à la ferme après une tentative d’études à Charmes à la suite de son certificat.

Préparation a la reprise de la ferme

Dès ses 14 ans il est donc destiné à reprendre la ferme. Avec son père ils décident de faire une extension à la ferme construite par François Ruaux : en 1936 le bâtiment est rallongé de 50 mètres vers le Nord par des murs en pierres du pays et une structure métallique pour soutenir le toit. Le nouveau bâtiment permettra d’héberger près de 20 vaches et autant de veaux et génisses. La partie supérieure accueillera foin et paille pour héberger les bêtes de début novembre à début avril. Une griffe électrique est installée pour emmener le foin depuis les charriots vers le grenier. Une machine à traire électrique Alfa Laval est achetée pour traire le troupeau de vaches plus rapidement.

Service militaire...

La ferme est exploitée dans ces conditions jusqu’au départ de Jean Ruaux pour son service militaire en 1938 : il est envoyé à Strasbourg dans la ligne Maginot d’où il est sans doute revenu quelques fois en permission à la ferme…

Puis la guerre… prisonnier à la ferme

Juin 1940 : c’est la débâcle, la France a perdu la guerre : les soldats Français sont faits prisonniers sans combattre (Pétain a signé un armistice) et ils sont emmenés en Allemagne pour travailler à la place des hommes Allemands partis occuper les pays ennemis…

Jean Ruaux se retrouve fin juillet 1940 au camp de prisonniers de Stafflangen à 40km au nord du lac de Constance. Là il travaille à la ferme des Schmittberger, ferme en avance technologique par rapport aux fermes Vosgiennes : tracteur, batteuse…

Cette période est décrite dans l'ouvrage réalisé par un autre prisonnier, Roger d'Aigremont, qui est devenu son ami. Partie 1


Evadé et repris

Jusqu’en mai 1942 : dans la nuit du 11 au 12 il s’évade avec 5 camarades prisonniers, dont Roger. Ils sont repris le 13 mai… et enfermés dans des conditions déplorables.

Ils sont condamnés et sont emmenés au camp de représailles de Rawa Ruska, aujourd’hui en Ukraine, près de la frontière Polonaise.

De Rawa Ruska...

6 jours et 6 nuits de transport, entassés dans des wagons à bestiaux avec très peu de sale nourriture !

Site retraçant la vie au camp de Rawa Ruska

Ils arrivent le 1er juin 1942 au camp de représailles de Rawa Ruska jusqu’au 2 juillet 1942

A Tarnopol

Le 3 juillet, encore entassés dans des wagons à bestiaux ils sont envoyés à Tarnopol dans une annexe de Rawa Ruska tout autant extrême. Tarnopol est une ville d’Ukraine à 190km au sud est de Rawa Ruska. Ils y resteront jusqu’au 26 octobre 1942 ce qui représente près de 5 mois de captivité atroce : travail forcé et intense, très peu de nourriture et très peu d’eau. Rawa Ruska était nommé le camp de la goutte d’eau.

Jean Ruaux avait 2 amis avec lesquels il est toujours resté très proche : Roger d’Aigremont et Charles Thouvenel avec lesquels il a connu l'horreur. Grâce à leur amitié ils ont pu survivre dans des conditions où beaucoup de prisonniers mouraient de faim, de maladie ou sous les coups de leurs tortionnaires.  

Fin octobre les prisonniers sont transférés toujours en wagons à bestiaux vers la Poméranie.

Greifswald

Un nouveau camp de prisonniers / représailles : le Stammlager IIC. De ce camp, les prisonniers allaient travailler dans les fermes environnantes. Cette situation a duré 2 ans jusqu’à l’arrivée des Russes. Il a retrouvé là-bas Edmond Toussaint, cousin forgeron à Escles. Jean Ruaux communiquait par courrier controlé avec ses parents, environ 2 fois par mois. Il y mentionnait les travaux à la ferme et quelques éléments de sa vie de prisonnier.

Retour via Paris / Val de Grâce

En mars 1945 les troupes Russes arrivent dans la région et prennent en charge les prisonniers : ils les font travailler et des relations quelquefois difficiles s'installent... jusqu'en juin / juillet où les prisonniers Français peuvent repartir en France par leurs propres moyens (trains). Peu avant ce retour Jean Ruaux a reçu un coup de pied de cheval qui lui a abimé l'oeil gauche.

Lors de son retour en France, il s'est arrêté à l'hopital du Val de Grâce à Paris pour un soin de l'oeil qui lui a valu un bandeau jusqu'à son retour à la ferme en juillet / août 1945. Il en a gardé un oeil poché toute sa vie.